Soirée conviviale, culturelle et émouvante pour les 70 personnes venues soutenir les femmes afghanes le 25 février.
« Depuis plus de 3 ans les talibans se rendent coupables d’innombrables violations des droits des femmes et des filles en Afghanistan. Face à ce scandale, des citoyennes de Sélestat ont souhaité sortir de leur silence voire d’une certaine indifférence en interpellant le CIDH pour leur proposer de mobiliser ensemble le public du Centre Alsace pour une soirée de soutien à ces femmes afghanes avec le CIDH et le Collectif Centre Alsace. Cet appel fut entendu, et plus de soixante-dix personnes étaient présentes ce mardi 25 février au Foyer Notre Dame de la paix à Sélestat avenue Pasteur.
Le président de l'Association Culturelle des Afghans de Strasbourg fit une synthèse de la situation actuelle des droits des femmes suivie de témoignages en farsi de femmes afghanes réfugiées à Strasbourg.
Témoignages très poignants, mais avec réserve car « les Talibans sont de partout, il n'est pas possible de parler librement ici car ils peuvent faire pression sur nos familles restées au pays » confient elles . L'échange fut riche et instructif sur le rôle des États Unis, du Pakistan et la non-intervention des pays occidentaux.
Toutefois, elles ont regretté qu’ il n'y avait pas autant de monde qu'on espérait dans chacune de nos conférences , l'aide doit se trouver au niveau des Universités pour reconnaître nos compétences, pas dans de petites salles de soutien de langue…
La soirée s'est terminée par un moment culturel de poésie et de musique montrant la joie de vivre de ce peuple puis un moment convivial entre les invités, autour d'un verre et d'une part de gâteau.
Catherine Winisdoerffer
Plusieurs personnes ont regretté qu’il n’ y ait pas eu de propositions concrètes de soutien le soir même… mais , depuis, le président Zaher a envoyé un message au Cidh pour le remercier pour cette initiative et pour la collecte qui a rapporté 394 euros. « 210 euros a été envoyé à une fille pour lui permettre de poursuivre ses études. Le reste est envoyé pour soutenir une école locale. Pour les personnes qui souhaitent continuer à soutenir les actions de l’association ACAS (Association Culturelle des Afghans de Strasbourg ), voici leur mail : acas.afghan@gmail.com
Témoignage de la jeune bénéficiaire du soutien financier
« Je suis née dans une famille cultivée. Éduquée par les deux parents. Cette famille avait une vie modeste. Nous appartenions aux catégories plutôt moyennes.
J'ai commencé mes études dans une école secondaire dans mon village. J’y suis scolarisée jusqu'au collège. Dès le début, j'étais très enthousiaste et déterminée à avancer dans mes études avec un excellent moral et des résultats brillants.
Petit à petit, à cause de problèmes, notamment la maladie de mon père, qui luttait contre le cancer du sang, et des difficultés économiques, mon moral a été affecté et de plus en plus perturbé, mais j'ai continué à essayer de réussir. En résumé, malgré toutes les difficultés, j'ai continué mes études.
Ensuite, j'ai rejoint le lycée Shahid Safi Afzali, où je devais marcher pendant au moins 50 minutes chaque jour. Je défiais toutes les difficultés, car mon seul objectif était d'étudier et de m'inscrire dans une branche qui me plaisait, afin de réaliser mes rêves et de trouver un travail qui pourrait résoudre une partie des problèmes économiques de ma famille.
La maladie de mon père nous inquiétait et chaque jour, la grande tristesse nous envahissait. je partais à l'école, mais le cancer maudit n'a pas lâché mon père et a fini par lui coûter sa vie. La mort de mon père m'a profondément affectée et après sa mort, ma seule consolation était d'aller à l'école et d'étudier.
J'étais au début du collège lorsque l'insécurité dans le pays est devenue de plus en plus grande. La guerre a éclaté dans toutes les régions du pays. Difficile de dire que les guerres précédentes ont été moins horribles. Mais pendant cette guerre, il semblait que des gens allaient disparaître de la terre.
Chaque jour, la guerre s'intensifie, et les membres du groupe Taliban sont engagés dans un conflit pour conquérir l'Afghanistan.
Nous avons passé un certain temps dans cette situation, et nos journées étaient marquées par les bruits des tirs et des combats. Nous avons commencé et terminé nos cours avec cette ambiance. Nous étions arrivés aux examens partiels et avec beaucoup de peur, mais par obligation, nous avons passé tous les examens pour que notre année scolaire se termine.
Les talibans avaient pris le contrôle de tout le pays et une fois qu'ils ont eu le contrôle total, leur première « exploit » a été d'imposer des restrictions et d'interdire l'éducation des filles, fermant les écoles pour les filles au-delà de la sixième classe. 😥
La vie des femmes et des filles afghanes sous le régime taliban est extrêmement pénible et rude.
Dans ce pays, les filles sont littéralement enterrées vivantes. Cette période a pris autant d'énergie qu'une décennie et elle a épuisé nos forces. Nous nous sentons brisées et enfermées dans une cage, nous sommes profondément découragées et inquiètes pour notre avenir incertain. Mais quel est notre crime ? Parce que nous sommes des filles ?! Ces expériences amères et les pressions diverses ne concernent pas uniquement nous, les filles, mais affectent toute une génération en Afghanistan.
Espérons un jour la victoire des filles de mon pays »
Témoignage : Soirée de soutien aux femmes afghanes
- Claude Spengler
- dans Témoignages
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