Le 24 avril à 20 heures, près de 90 personnes se sont réunies au CIDH pour assister à la conférence de Mme Frédérique Neau-Dufour, Docteure et agrégée d'Histoire, spécialiste reconnue du camp du Struthof-Natzweiler et responsable de la Stratégie mémorielle du Grand Est. Cette conférence a jeté un éclairage nouveau sur l’histoire complexe de ce camp de concentration nazi transformé après la Libération en un camp d'internement pour civils français (essentiellement des Alsaciens) et allemands suspectés de collaboration.
Dès décembre 1944, le camp de Natzweiler, devenu le Struthof, a accueilli des milliers de civils : des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants, internés dans des conditions particulièrement précaires et floues. L’historienne a précisé que ces civils, internés pour des motifs variés, étaient souvent victimes de suspicions liées à la collaboration avec l’occupant nazi.
Au cours de ses recherches, Mme Neau-Dufour a exploré plus de 300 cartons d’archives et recueilli de nombreux témoignages, mettant en lumière une histoire souvent méconnue et délaissée. Elle a soulevé des questions essentielles : pourquoi et comment un camp de concentration a-t-il été réutilisé pour l’internement de civils après la guerre ? Qui étaient ces personnes et pourquoi ont-elles été envoyées là ? Comment organiser un tel camp dans un contexte de guerre finissante ? Ces interrogations trouvent aujourd'hui des réponses grâce à une décennie de recherches minutieuses.
La conférence a permis au public de découvrir les dessous de cette période trouble, marquée par la dévastation de la guerre et par les choix complexes faits par la République française. En réutilisant le Struthof comme outil d’épuration, l’État a voulu juger et internés des civils suspectés de collaboration, mais aussi restaurer un semblant d’ordre dans une région dévastée.
Les conclusions de Mme Neau-Dufour offrent un regard neuf sur l’épuration en Alsace et enrichissent la compréhension des tensions sociales et politiques de l’après-guerre. Cette intervention a aussi permis d’approfondir la réflexion sur la mémoire collective et les silences de l’Histoire, notamment en ce qui concerne les mécanismes de la justice et de la mémoire après le conflit.
En plus de sa conférence, Mme Neau-Dufour a dédicacé son ouvrage, qui explore en profondeur le sujet, entre non-dits, mythes et documents inédits. Cette rencontre a offert une réflexion essentielle sur un aspect de l’Histoire de l’Alsace encore trop souvent minimisé dans le discours officiel.
La qualité de l’intervention a été unanimement saluée par le public. La capacité de l’intervenante à faire revivre une histoire complexe, souvent occultée, a fait de cette conférence un moment mémorable, riche en enseignements pour les historiens comme pour le grand public.
Philippe HoffmannCe café-Histoire a été réalisé en partenariat avec les amis de mémorial, les amis de la bibliothèque Humaniste, l'AFMD 67 et 68, l'association des profs d'Histoire et la librairie Pleine Page.
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